Bref, bref... Difficile ça pour moi...
Expliquer, résumer, partager les impressions sur ce stage n’est vraiment pas un exercice facile. Le seul mot qui pourrait convenir est : « intense » ! Dans la plus belle des significations de ce qualificatif.
J’espère que ces quelques lignes vous permettront de percevoir, au moins en partie, tout le panel des sensations que nous avons eu la chance de ressentir durant ces quatre jours. Revenons au commencement. Arrivée le dimanche 2 aout au centre Adeps de la Marlette à Seneffe. Si le lieu est connu il mérite le détour. Pour nous, les Brukseleirs, à une bonne demi-heure du CRBK, il y a du bon air à prendre, des kilomètres d’entrainement sans écluse (près de 50 bornes A/R entre Ronquières et Viesiville, sans compter le bras de canal qui part vers l’ascenseur de Strepy. Un endroit à (re)découvrir pour tous. La remorque du CRBK est chargée, une fois n’est pas coutume, uniquement de K1. Wouaw quelle allure. Même si la très grande majorité de ces bateaux datent de la préhistoire, qu’ils ont nécessité pas mal de boulot de réparations, de rustines diverses, ils ont le mérite d’exister et la chance de pouvoir revivre, et de nous servir de base de travail. A défaut de grives…
Dimanche soir donc, premier briefing en fin d’après-midi sur le patio écrasé de soleil du centre. Répartition des chambres, organisation des prochaines heures, et présentation des encadrants : Quinten De Block (une pointure le bonhomme allez voir sur
http://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20150722_01787100 cela vaut le coup d’œil) s’occupera des jeunes du club de Gent. Victor Warnier termine sa formation de moniteur Adeps et servira à guider le groupe des ‘anciens’ avec Yvette que l’on ne présente plus. Aux commandes sur la passerelle, Dominique sera le Pacha de cet improbable bateau. Dix-sept personnes participent à ce stage. 7 adultes et une dizaine de jeunes autour de 12 ans. Une merveille à voir. Certains ont déjà une longue expérience kayak, mais la maitrise qu’ils ont de la technique, impressionne tout le monde. Chouette de voir ce renouveau, une nouvelle génération de pagayeurs qui s’orientent vers la ligne. Cela devrait servir d’inspiration dans notre petite communauté francophone. La soirée du dimanche est consacrée à de nombreuses discussions sur le kayak, l’avenir de la discipline, de ces différentes déclinaisons, de l’ouverture d’esprit, de la manière dont on peut attirer de nouveaux pratiquants réguliers, de matériel, de technique, etc. Toute une série de point de vue franchement intéressant…
Lundi : 06h45 : réveil, short, t-shirt, basket et hop nous voilà parti pour un petit jogging de 2 kilomètres. Quand on ne court jamais, cela casse bien les pattes, surtout au petit matin. Petit déjeuner 08h00. La matinée sera consacrée à l’évaluation de chacun des participants. Vous avez essayé de faire un slalom entre des petites bouées rapprochées ? Pour nous c’était une première et un excellent exercice. La suite fut consacrée à des exercices d’équilibre ou comment après quelques brèves explications théoriques, nous pouvons comprendre l’importance de l’appui des pieds sur le repose-pied. Deux points fixes pour assurer l’équilibre (les fesses et les pieds, ah oui c’est logique finalement) Le repas du midi est avalé avec voracité. Les appétits se creusent. Après une courte sieste, indispensable pour récupérer, on remet les bateaux à l’eau . Quelques séries d’intensités différentes et un petit 4 heures avalés goulument et nous voilà au test du 2.000 mètres. Départ groupé et tout le monde se jette à corps perdus dans la vague du précédent. A titre personnel, je n’ai aucune maitrise des vagues et cela me fait perdre le peu de régularité et mon faible équilibre. Chacun jette toutes ses forces dans la flotte. Les corps s’arcboutent. L’envie de bien-faire, du mieux de nos moyens, délivrent les muscles. C’est long un 2.000 mètres. Il faut légèrement doser. Tenir, tenir encore, et puis la ligne d’arrivée, le pont juste avant Y3, est dans la ligne de mire. On ne pense plus, on oublie la douleur, on force, on arrache, on râle et le relâchement arrive par le bip de Dominique et Pierre qui se tiennent sur la ligne d’arrivée, chrono à la main. Ce petit test servira de mètre-étalon à chacun. Et ce n’est qu’un début pour les qualités pédagogiques qui nous entoureront sur ces 4 jours. Après le repas du soir, chacun des ‘anciens’ sera convié à 15 minutes d’ergomètre. Là encore une première pour beaucoup d’entre nous. Un appareil précieux pour corriger les nombreux défauts qui nous habitent, si chaque club pouvait s’équiper d’un tel matériel… Quinten nous expliquait qu’en hiver il y passait au moins trois séances par semaine. L’appareil n’est pas qu’une machine de muscu, c’est surtout le moyen de voir et corriger ses défauts. Si au départ, l’œil extérieur est nécessaire, une fois que l’on connait le bon (et beau) mouvement, on s’auto-corrige assez facilement à l’aide d’un miroir. C’est vraiment top. De plus la machine calcule de nombreux paramètres. Nous nous limiterons à regarder le temps écoulé et à maintenir la cadence en montant jusque 75 coups/minute. C’est bien assez pour nos petits cerveaux fatigués.
Il est 22h30 quand nous rejoignons nos plumards. Et en peu de temps, le sommeil nous gagne. Quelle belle première journée !
Mardi : 06h45 : réveil, short, t-shirt, basket et hop nous voilà parti pour un petit jogging de 2 kilomètres. Ah oui ça c’est du copier/coller mais c’est bien le seul moment de référence par rapport à la veille. La journée entière sera consacrée à l’apprentissage, la mise en pratique du bon geste, et à pratiquer différents types d’entrainements. Vous souhaitez en savoir plus… ehehehe, préparez-vous et venez l’année prochaine. C’est PASSIONANT !!! Si Victor s’occupent en permanence de notre petit groupe adulte, Yvette s’est focalisée sur les plus faibles d’entre-nous pour les faire progresser. Là encore, la patience, la connaissance et la pédagogie sont mises aux services des apprentis que nous sommes, avides de connaissances. Dominique virevolte d’un groupe à l’autre partageant son temps entre les jeunes, les problèmes de matos des uns ou des autres et Christien de Niel qui est venue nous rejoindre pour passer une journée de kayak en bonne compagnie. Cela fait 48 heures le groupe se côtoie. On apprend à mieux se connaitre, à partager nos expériences positives comme négatives dans nos différents passés de kayakistes. Il y a un vrai potentiel autour de notre discipline, le constat est le même partout. L’organisation mise en place du coté néerlandophone, semble porter pas mal de fruits. Une école du sport de haut-niveau (Top Sport) me fait penser au système français de l’Insep, des niveaux intermédiaires, une ouverture vers les autres disciplines comme les tochten, la rivière l’hiver, la ligne l’été. A ce niveau la Belgique est un paradis avec les centaines de kilomètres de canaux à parcourir pour varier les entrainements… un vrai potentiel pour la pratique du K, quand on voit les difficultés que l’Ardenne rencontre régulièrement avec les niveaux d’eau… Simple réflexion personnel…. La fin de cette seconde journée sera consacrée à l’essai de différents bateaux en comprenant l’importance des réglages à appliquer. Là encore une vaste matière : le matériel et les choix possibles sont énormes. Et il y a moyen de trouver « kayak à son pied » pour peu que l’on ait les bonnes infos…. Ah la transmission des connaissances. Là aussi un vaste débat, et nous sommes au cœur de cette transmission. E tnous avons la chance de pouvoir écouter les expériences des uns et des autre, ainsi que de pouvoir comprendre l’importance du matériel, des réglages possbiles etc. En cette soirée du mardi Bruno nous a gentiment rejoint pour venir nous dire bonjour. Outre une balade sur le canal il profite également de l’occasion pour tester du matériel. Une seconde merveilleuse journée s’achève sur une idée…surprenante. Et pourquoi pas un marathon de nuit. Le tam-tam fonctionne à toute allure. Et le marathon aura lieu le mercredi soir… Mais encore un peu de patience, il faut d’abord dormir…
Mercredi : 06h45 : réveil, short, t-shirt, basket et hop nous voilà parti pour un grand jogging de 4 kilomètres. Et hop dès le matin : le truc qui casse mes vieilles guibolles. Le ton de la journée est donné. Entrainement alterné au matin avec des phases à 100% sur timing court. L’après midi-midi, on se limitera aux 75% pour éliminer les fatigues du matin. Ah bon, se fatiguer à l’entrainement permet d’éliminer la fatigue d’un entrainement précédent ? Hein, et bien oui. Les séries de l’après-midi sont terriblement douloureuses. Le silence se fait parmi les pagayeurs, même sur les phases de récupération. Même plus le courage de balancer l’une ou l’autre blague idiote pour tenter d’ennuyer le coach, ou taquiner l’un des pagayeurs du groupe. Et oui, cela fonctionne. Heureusement après le goûter, Dominique a pitié de nos petits bras ! Repos et préparation de l’épreuve « phare » (c’est le bon mot) du jour : un marathon de 21 kilomètres en trois boucles de 7 bornes. Départ à 21h45 à la tombée de la nuit. Gloups.. Quelques K2, de nombreux K1 et notre Géant Jean-Pierre arrive avec son kayak de mer. Le tam-tam a vraiment bien fonctionné. Au fur et à mesure du début de soirée, un certain stress monte en nous. Les corps ont trinqué durant la journée. La confiance dans le Pacha était justifiée : malgré les bornes déjà faites, nous sommes prêts à emmancher les 21 kilomètres de l’épreuve du soir. C’est ce que l’on appelle gérer un groupe et son potentiel ! Pédagogie, encore une fois !
21h45 pile, le départ est donné. Les K2 se déchainent. Quinten de Block est en double, tout comme Kevin Lapin et le coach Victor qui démarrent en trombe. Des membres du club de kayak de Seneffe se sont joints pour cet curieuse aventure. Là encore ils tracent à toute allure. Le ciel se pare de mille feux orangers. Le premier tour de 7 kilomètres est avalé à vive allure. Je vois J-P dans ma ligne de mire et j’arrive à le rejoindre. Incroyable, je suis en K1 et lui sur un kayak de mer et j’ai du mal à rester devant. Il prend ma vague. Après 3,5 kilomètres, nous voilà à la boué. Tant qu’il fait un peu jour, il faut prendre des points de repères pour les deux tours suivants où il fera nuit noire. Un clocher au loin, quelques maisons sur la gauche et peu avant la bouée, le glouglou d’une évacuation d’eau, tout cela servira sous peu. J-P tient le coup, Fou ! Mon bateau doit peser la moitié du sien et il s’accroche. De larges courbes composent le parcours. Au bout de plusisuers cenaines de mètres la pointe du bateau de J-P semble s’éffacer dans le coin de mon œil. Il me laisse filer… Je tente d’appliquer la technique apprise durant ces trois jours. Être propre dans mon geste, mains hautes, poussée des jambes, sortie la plus fluide possible en gaspillant le moins d’énergie possible à soulever bêtement de l’eau. Les repères diminuent avec la nuit qui tombe. Au détour d’un virage, on découvre la grande éolienne qui brasse l’air de ses pales majestueuses. Ok la fin du premier tour est proche. Je pique à gauche, je suis à quelques dizaines de mètres de Guido, un valeureux sexagénaire qui a une condition physique impressionnante, et une volonté d’airain. On arrive aux pontons de la MArlette, hop, sortie, hop, boire un bon coup de flotte et hop, on réembarque un ponton plus loin. En faisant demi-tour, je vois J-P qui repart déjà pour son second tour.. Je ne le rattrapperai plus. Je suis dans le sillage de Guido. Le deuxième tour se fait dans le noir le plus complet. De temps à autres une ombre en face semble passer. Est-ce un rêve, est-ce une hallucination, courant quand on est seul la nuit ? Des vagues semblent déstabiliser mon kayak. Le corps est obligé de compenser seul, à l’instainct. Wouaw costaud comme exercice. A chaque fois que l’on croise le bateau ‘Rescue’, son équipage nous demande notre prénom, Je pousse une beuglande : « Jaco » et un petit mot gentil vient du bateau avec un « bon courage », ou « allez encore un petit effort », ou encore « cela va aller, continues comme cela ». Le glou glou d’évacuation d’eau est un premier repère. Ah la bouée n’est pas loin. ET puis la voilà, barre à bâbord toute et demi-tour. Je suis tout prêt de J-P qui me demande gentiment comment cela va. « Bien mais la fatigue commence à se faire sentir. » Guido ne semble pas trop loin, mais dans la nuit, difficile d’estimer la distance. Les forces diminuent sur ce deuxième retour. J-P me lâche définitivement. Je n’aurai plus le courage d’aller le rattraper. L’esprit prend le relais du corps souffrant. Je profite de ce retour pour faire le point. Je plonge pour un troisième tour ou j’arrête. Dans quel mesure suis-je en état de me taper encore 7 bornes. Si je vole au jus. Puis-je remonter seul ou avoir la force d’attendre le bateau rescue ? L’esprit fait des miracles. Haut les cœurs, ponton, portage, coup de flotte et réembarquer. Guido est tout prêt, mais il semble bien fatigué. Pourtant il décide de poursuivre, et à vive allure. Pas facile de se repérer dans ce noir. Les berges semblent se dérober ou se rapprocher à toute vitesse. Les ombres sur l’eau ne permettent pas de s’orienter. J’essaie de rester au tiers du canal. Et puis ‘Toc’ ! En fait je suis tout près de la berge et ma pagaie vient de heurter le rebord sous l’eau. Incroyable, moi qui me croyait à une quinzaine de mètres du bord. Je continue. La bouée arrive. Je me sens tout seul. Plus de Guido, apparemment je l’ai dépassé sans le voir. J-P est loin devant. L’esprit divague. Lors du passage du bateau de Rescue, j’ai envie de répondre « Ivanhoe », je me contrôle : « Jaco » et chouette encore un petit mot gentil. Dans ces moments des choses simples font un bien fou ! Bart semble plus libéré, il crie « Jean-François ». Pas simple de retrouver un prénom qui ne figure pas sur la liste des participants…. Et enfin la grande éolienne apparait. Je répands mes dernières forces dans l’eau, il n’y a plus grand-chose dans le corps. Une seule envie… du repos. Et voilà la délivrance. Dominique est assis aux côtés de Pierre. Dominique me demande, avec un brin d’inquiétude, si je n’ai pas vu Guido. Non je croyais qu’il était devant moi. Quinze minutes plus tard, Lulu arrive également au bout du rouleau. Outre l’effort du marathon il a fait le sauveteur pour notre Guido qui avait dessalé. Lulu est arrivé à sa hauteur et l’a aidé à vider son bateau. Guido n’en pouvait plus. Tremblant de froid, c’est avec insitance que Lulu l’a laissé sur le bateau Rescue. Quinten qui avait fini depuis longtemps est repartis en course... sur le bateau Rescue pour aider l’équipe. Il porte le bateau de Guido qui récupère de ses émotions. Quelle expérience. Le temps de ranger le matériel et il est près d’une heure trente du matin quand nous sommes au lit. Et là, la surprise, impossible de trouver le sommeil. Le cœur bat toujours rapidement, il semble que l’adrénaline n’est pas encore redescendue à un niveau normal. Lulu a la même chose. Et l’on se met à papoter. Il faudra attendre 4h00 du mat’ pour plonger.
Deux heures 45 plus tard, réveil et hop… jogging. Euhh, oui mais soft alors. Yvette et Dominique sont là pour nous encourager. Le petit déjeuner fait un bien fou. Un autre projet tourne dans les têtes, et nous sortons l’un des deux K4 qui est dans les locaux du club de Seneffe. Quelle impression merveilleuse. Ce sport hautement individuel devient un challenge d’équipe. Génial comme sensation. Victor à l’avant, Kevin et Lulu derrière moi, une merveilleuse impression nous envahit. Le reste dela matinée sera partagée entre ergomètre et essai de bateaux. Dans ambiance de récupération générale. La dernière après-midi sera consacré à un dernier entrainement avec interval avant la bagnade généralisée et quelques tentatives de se mettre debout dans nos K respectif.. Euh, ce n’est pas encore gagner !
Le stage se termine. De nombreuses impressions, images, et surtout un apprentissage de qualité ont émaillé ces 4 jours. Difficile de trouver un point négatif. Outre les connaissances techniques sans limite de nos coachs, leur patience, leur gentillesse, leur fermeté et l’aspect humain qui habitent nos coachs, il y a une qualité supplémentaire que je voulais mettre en exergue : la pédagogie. Adaptée à chacun, avec une vision correcte des défauts, et le remède pour corriger nos mauvaises habitudes. Alors, il ne reste qu’une chose à souhaiter : pouvoir revenir l’année prochaine. A tous ceux qui souhaitent se mettre au K, n’hésitez pas profitez des deux prochains mois pour vous initer. Après l’hiver, remontons sur les K et soyez prêts pour l’an prochain. Cela vaut VRAIMENT la peine !
Merci à Dominique, Yvette, Quinten et Victor pour cette semaine enrichissante.
Merci et bravos aux jeunes de Gent qui ont montré de belles qualités.
Et un merci tout particulier aux « vioques » du groupe : Guido, Bart, Christophe, Micha, Lulu, Hilde, et Kevin Lapin qui a du nous supporté. L’ambiance était formidable. Et bravos pour les efforts de tous.
Les photos sont de Dominique Dupas, Yvette et Dom. Merci à eux pour ce partage supplémentaire.
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