Que faire pour varier les plaisirs de l’entrainement quand on ne dispose que d’une matinée ?
Facile : direction la Meuse. Une heure de trajet aller, trois heures sur l’eau et une heure retour (pour les Brukseleirs).
Et de nombreuses images merveilleuses partagées entre le chantier naval Meuse et Sambre avec les rampes de mise en cale sèche, les péniches éventrées en reconstruction et quelques éparses épaves. Un passage sous le viaduc de Beez avec les milliers de véhicules qui ignorent les joies de pagayer, sous leurs pneumatiques, était émouvant. Le village de Beez : les maisons de maître d'un style typiquement mosan, hautes, dignes, avec leurs longues fenêtres verticales comme des chapeaux haut-de-forme, leurs faîtages pointus avec une petite lucarne ovale sous toit, sont le reflet d’une bourgeoisie namuroise bien assise, témoin des premières résidences secondaires des nantis à la fin du XIXème siècle. La classe! Une longue descente jusque Sclayn, pour une première je ne me suis arrêté peu avant l’écluse afin de ménager les forces pour la longue remontée. Là encore des moments magiques : les deux sites de production de Dolomies, avec les flancs de collines couverts de poussières grises (merci Jean Tousseul), le pont de Sclayn, le village de Namêche qui s’étirent sur la berge, quelques « monstres » de péniches à l’arrêt dont une qui attire mon regard : Makimba dont l’exploitant s’appelle Monsieur Bohlle, et dont le prénom n’est autre que Guy. Je vous assure que c’est vrai, écrit ainsi à coté de la porte d’entrée dans la cabine du bateau !!! Je ris tout seul, les canards qui commencent à batifoler, me regardent avec dédain ! Le chemin de fer étonne. Les trains passent sur cette colonne vertébrale ferroviaire dans un bruissement métallique discret. Les convois de deux ou quatre wagons ressemblent aux miniatures Marklin Jouef ou Lima de l’enfance… La rive gauche offre encore d’autres spectacles : sur la berge, le chemin de halage accueille quelques pêcheurs, des joggeurs, des promeneurs, des amoureux…toutes les joies du printemps. Sur les longs rocs effilés autour de Marche-Les-Dames, de nombreux grimpeurs exercent leur art en altitude. Il faut une belle dose d’audace pour se lancer sur ces parois ! Vu de l’eau, ils me font penser à ces petits bonshommes en caoutchouc que l’on plonge dans du liquide vaisselle, que l’on plaque sur les vitres et qui glissent en roulant jusqu’au bas de la fenêtre. Ici ces héros du roc, remontent la fenêtre ! Le petit courant, se fait sentir dans les bras… Pour couvrir les 24,5 kilomètres du jour, il m’aura fallu une heure à la descente et deux heures à la remontée. Pour embarquer et débarquer, rien de plus simple, la Meuse dispose de nombreux escaliers à proximité de possibilité de garer l’auto. Merci Google Earth ! A la sortie, une bonne fatigue tenaille le corps, les yeux sont rincés de paysages étonnants, et une agréable impression d’avoir légèrement ressenti les frémissements des joies dépeintes par Félicien Rops dans ses tableaux… Le temps des périssoires…