Esprits libérés…
Il est des instants au cours de nos entrainements où l’esprit vagabonde allègrement. Déjà évoqué au cours de l’une de ces « métaphysiques », il est des moments où il est indispensable à nos pensées de se libérer et de partir vers d’autres horizons. Comme si le cerveau se mettait en déconnexion du corps. Ces moments de flottements permettent bien des réflexions.
Les oies de Bernache
Un travail en endurance est le moment idéal pour ce genre d’envolées. Ce fut mon cas vendredi en fin d’après-midi. Le vent n’altérait en rien la surface de l’eau. Un soleil de fin d’automne dardait des rayons froids. Le ciel, tacheté de quelques nuages se reflétait en un parfait miroir sur l’eau. La seule perturbation émanait du dessin en "V" serré formé par l’avancement de mon K1. Une vision enchanteresse particulièrement agréable à l’œil. C’est dans ce décor que mes pensées se sont perdues. Je repensais à un entrainement précédent en allant sur le bief entre Ruisbroek et Lot. J’y avais retrouvé des oies de Bernache, avec leurs longs cous noires et la célèbre tache blanche sur la tête. A priori ces oiseaux-là migrent en octobre vers la Pologne, le Danemark ou l’Allemagne. Si à Anderlecht nous avons profité de la présence de ces volatiles durant près de trois semaines en octobre, je croyais qu’ils étaient partis vers d’autres cieux. Que nenni sept individus sont restés entre Ruisbroek et Lot. A la mi-décembre, ces Bernaches étaient toujours là. Quelles sont les raisons de cette sédentarisation de ces Bernache ?
C’est foutu
Autres pensées kayakistes : depuis plusieurs jours, les pressions atmosphériques, influencées par un anticyclone, ne cessent de grimper. La pluie se fait rare, même dans nos contrées. Les perturbations du climat ne sont plus des supputations de scientifiques en laboratoire. Il y a quelques semaines, et malgré quelques jours de pluie, le marathon de l’Ourthe a été annulé, faute de suffisamment d’eau dans la rivière. Et pourtant, en analysant les chiffres de pluviométrie du mois de novembre, ils étaient conformes aux moyennes habituelles. Alors que se passe-t’il ? Comme les oies, notre sport subit de plein fouet les perturbations du climat. Combien de temps encore, les amateurs de descente pourront-ils profiter de nos merveilleuses rivières naturelles, sans être obligé de rester dans des zones « bétonnées » où le débit est réglé par des portes, des valves et des vérins ? En discutant avec d’anciens kayakistes, qui ont raccroché la pagaie depuis longtemps, le constat et l’avenir ne sont pas très optimistes pour nos rivières. Certains anciens n’y vont pas de main morte : «pour la rivière, c’est foutu ! Le temps où l‘on pouvait, 9 mois par an, aller se défouler dans la nature est à jamais révolu ».
Ouvalo?
Si les moyennes de précipitations sont maintenues, où filent toutes ces eaux ? En se renseignant un peu, l’une des causes qui revient régulièrement à l’avant-plan, est le développement permanent de l’habitat, et des activités commerciales, logistiques et industrielles. Pour faire simple, les sols sont bâtis. Les terres se recouvrent à grande vitesse de chapes de béton et de bitume. Les eaux de ruissellements ne peuvent plus s’infiltrer dans le sol et aller lentement se déverser dans nos rivières. Le sol et la terre servent d’éponges pour absorber l’eau de pluie et la restituer lentement et régulièrement vers les cours d’eaux. Au lieu de cela, l’eau coule rapidement sur le béton avant de disparaitre dans les kilomètres de tuyauterie du réseau d’égouttage et se déverser instantanément dans les rivières, gonflant le niveau de manière aussi subite qu’instantanée. Et en quelques heures, tout cela disparait dans les plus gros fleuves avant de rejoindre la mer. En parlant de mer, combien de dizaine de kilos de déchets Dimitri a-t ’il déjà ramassé au cours de ses sorties sur notre littoral ?
Toujours la même rengaine
Vous allez me dire qu’une fois de plus, le constat de l’activité humaine s’oppose à la pérennité de la nature. Que la richesse économique n’est pas soluble dans le bien-être, voire la simple survie des espèces vivantes. On n’est pas là pour faire la morale et chacun mène sa vie comme il l’entend. Mais chacun est également responsable de ses actes. La « civilisation » est arrivée à un point où chaque geste compte. Alors pourquoi ne pas commencer directement avec un tout petit effort ?
Deux roues
Rejoindre votre club de kayak, s’il est situé à 5 ou 6 kilomètres, cela peut se faire à vélo, non ? Rejoindre un commerce de proximité peut se faire à pied. Les pistolets du dimanche matin n’auront qu’un goût meilleur si vous avez pris l’air pour aller les acheter ! Dans la même logique, pourquoi ne pas penser à faire réviser votre vélo, maintenant pendant l’hiver, votre mécanicien vélo aura tout le temps nécessaire à consacrer à votre petite reine. Avec un objectif tout simple : tenter dès le printemps, l’aventure « vélotaf » ! Si votre domicile est éloigné de maximum 10 kilomètres de votre travail, c’est tout à fait envisageable. Les premiers jours, il faudra compter un temps de 30 ou 35 minutes. Avec plusieurs certitudes : la première, vous serez toujours à l’heure à votre travail. Deuxièmement, vous serez en pleine forme en arrivant au boulot, et au fur et à mesure des semaines, ce temps de parcours diminuera facilement de 20 ou 30%, sans forcer outre mesure. En pédalant à son aise, on arrive au boulot sans transpiration, sans stress des horaires et des correspondances manquées dans les transports en commun, sans parler des dents incrustées dans le volant de votre voiture engluée dans les embouteillages constants des heures de pointe qui s’étirent de 06h00 du matin à 22h00 le soir.
Le goût de l’herbe
Commencer au printemps est l’idéal. Le changement d’heure permet de récupérer de la clarté. Et les températures plus douces incitent à se bouger les gambettes. Et quoi de plus complémentaire au kayak, que la bicyclette ? Un choix où tout le monde est gagnant, c’est plutôt tentant, non ? Qu’en pensez-vous ? K-N est aussi un lieu de débat, il est toujours intéressant de lire des avis, des opinions bien argumentées. Voilà une des réflexions faites à l’entrainement, en me disant que cela mérite bien un ‘post’ sur K-N. En attendant, et à chaque fois que je vais à Lot ou à Halle, j’ai plaisir à regarder « mes » oies de Bernache. Et puisqu’elles ont un régime végétarien, je me dis que l’herbe des berges doit avoir bon goût. Allez, bon appétit les oies ! On se revoit bientôt sur le chemin de halage, à vélo !