Vous pensiez pouvoir y couper, hein? Et bien, NON !! Et voici encore une tartine de Schwalbe... Bonne lecture et au plaisir de se voir prochainement.
Kasterlee ? Niet voor de softies !
Prenez 14 kilomètres de canal, 7 kilomètres d’une petite rivière à contre courant, ajoutez 4 portages dont le dernier s’étire sur 1.200 mètres, et vous aurez un cocktail détonant. Rajoutez des participants de toutes origines avec des « furieux » , des K2, des kayakistes en R1, des Anglais, des francophones (trop peu, beaucoup trop peu) un asiatique, et un triathlète… vous comprendrez que c’est l’esprit d’ouverture qui anime cette épreuve mythique. Kasterlee n’est pas un marathon comme les autres.
Pour notre troisième participation, Lulu et moi sortons nos K1 respectifs. L’accueil dans le nouveau club house est tout aussi chaleureux que dans l’ancien chalet en bois. La ‘voorvergadering’ est cruciale pour cette édition 2016. Le niveau d’eau de la Kleine Nete est extrêmement bas. Sous le dernier pont de la Geelsebaan, il y a si peu d’eau que tous les cailloux apparaissent. Impossible de passer avec un kayak sans casse. Que va décider le comité organisateur ?
Le marathon est maintenu, mais la remontée de la Kleine Nete ne se fera que sur 5 kilomètres au lieu de 7. Kasterlee réserve toujours des surprises. Chaque année diffère de la précédente. Les deux derniers kilomètres s’effectueront en transition (hors chrono)à moitié à pied en portant le kayak à moitié en pagayant pour rejoindre le club house.
13H00 : tout le monde se trouve une place dans les voitures et sur les remorques pour les bateaux. Nous voilà bientôt au « SAS VI », l’écluse de départ. Un ancien remorqueur fluvial de la fin du XIXème attend l’ouverture des portes. Tout le monde est détendu et la conversation sur et autour de ce surprenant navire s’engage avec humour et gentillesse. Chacun explique la raison pour laquelle il se trouve en ce lieu. Moment magique de convivialité.
Le remorqueur met les gaz et s’engouffre dans l’écluse. Retour au marathon. Le souvenir angoissant du départ avec les trombes d’eaux et les vagues qui se creusent férocement hante les jours qui précèdent. Certes depuis un an, nous avons la chance de pouvoir suivre les conseils et les entrainements d’Yvette et Dominique. Cela nous a permis d’acquérir une meilleure technique et une plus grande aisance sur nos K. C’est avec ce petit acquis que je prends un peu d’assurance. Réglage du siège du K1, le plus en arrière possible pour un gain de stabilité. Dix minutes avant le départ, nous voilà sur l’eau pour un court échauffement. Les deux années précédentes, je m’étais placé loin derrière la première ligne pour le départ. Cette fois je prends un peu d’assurance et m’insère sur la seconde ligne parmi les « furieux ». On verra bien. Le ‘go’ est lancé. Les « furieux » restent fidèles à leurs réputations. Le canal se transforme en gigantesque baignoire. Les flots se déchainent, une double vague se forme en une fraction de seconde. Il faut survivre. Je tente de suivre un premier bateau puis un second avant que l’onde ne se transforme en bain bouillonnant… Les vagues frappent de tous côtés. J’arrive à accrocher deux autres K1. Un jeune kayakiste qui semble tirer solidement et un autre en fin de trentaine. Je m’accroche à leur sillage.
Le premier bief est enquillé à vive allure. Le rythme est soutenu et les trois compères du jour restent accrochés au peloton de queue. Une première pour moi. D’habitude, je suis toujours largué des les premiers mètres. Le portage se déroule sans encombre. Une fois en aval de cette première écluse, le groupe de trois se reforment rapidement. Je prends la tête afin de faire profiter mes deux nouveaux amis de ma vague. Tout cela se fait naturellement. Régulièrement, ils prendront également le relais. Pas mal d’algues sont présentes. J’en chope quelques-unes à la pointe du bateau. Je tente quelques mouvements de bassin pour les dégager mais elles s’accrochent les bougresses ! L’un de mes compagnons de pagayage me propose de venir enlever les brins accrochés. Ce qu’il fai en toute gentillesse. Vous en connaissez beaucoup des épreuves où les concurrents s’aident ainsi ? Kasterlee, c’est aussi un esprit, une belle mentalité ! Le second partage est tout proche. En dessous de l’écluse, le paysage est différent, la surface de l’eau est recouverte d’une belle couche de « cresson » sur 2 ou 3 centimètres d’épaisseur. Ces petites algues collent au bateau, à la pagaie, et retombent sur le kayakiste. Beurk ! Le plus jeune de la bande des trois me dépassent à ce moment et disant : « niet zwemmen, niet zwemmen », ne pas nager, ne pas nager. C’est exactement ce que je veux éviter…
Après 200 mètres, on sort de ce ‘fech-fech’ fluvial, pour reprendre un rythme soutenu. Mes deux acolytes commencent à peiner. Je tente de garder un rythme régulier. Je garde un œil à l’avant. Je ne suis pas décramponné du peloton comme d’habitude. Les « furieux » sont loin certes, mais j’ai toujours un œil sur la queue du peloton. Chic, cela progresse d’année en année. Et cette impression se confirme. Le troisième portage arrive. Mes deux poursuivants font forts sur chaque partie en course à pied. Va falloir que je m’entraine à courir avec un bateau entre les mains. Ce sera encore un point à améliorer. Rien n’est perdu ! Sur l’eau je repars de plus belle. C’est la dernière partie de canal. Après 1 kilomètres et demi, un yacht vient contresens et à plein gaz. Les vagues sont vraiment fortes et je suis heureux d’avoir pris la précaution de reculer siège et repose-pieds au maximum. Cela secoue solide. Concentration obligatoire, poussée des jambes, on garde de la vitesse..pfff, et cela remue longtemps, car les berges sont verticales !!! Aucune compassion le capitaine du dimanche, juste frimer en faisant du bruit et des vagues avec son ‘buuut’… Ce sera secoué que j’arrive au dernier portage.
Oups, ici pas de ponton, juste deux échelles accrochées à la berge. Je viens de voir filer un des frères ‘Leysen’ comme un lapin. Il est monté sur cette échelle comme un ramoneur, avec élégance et finesse. Pour moi ce sera, plutôt avec choc et fracas !!! Le temps de mettre debout avec les pieds dans le bateau, et hop, mon K décide tout seul (oui oui tout seul je vous assure) de quitter le bord et me voil cognant et pendouillant à l’échelle… pfffff pas terrible comme sortie. En force sur les bras et hop tout le monde dehors en roulant sur le sol… Quelle élégance. Mas tout va bien et me voilà parti pour 1,2 kilomètres entre marche rapide et trottiner. Je tente de courir plus vite ,mais la fatigue commence à s’installer. On serre les dents. La grande éolienne de Bobbejaanland tournoie dans le ciel. Le pint de repère se rapproche. Le vent est de la partie et il n’est pas simple de garder le bateau sur l’épaule. En le plaçant au ras du sol, il est à l’abri du vent : la piste cyclable sur laquelle on court est munie d’une toute petite haie qui abrite le bateau. Mais il n’est pas simple de courir ainsi… ON continue. Le but est là, tout proche, le dernier embarcadère, sauf qu’il est….à plus d’un mètre au-dessus du niveau de la Kleine Nete. Un coup aux alentours et j’opte pour un petit rocher en aval du ponton. Il me permet de remonter facilement sur mon K.
En écoutant les commentaires suite à la voorvergadering, j’ai cru comprendre qu’en restant au milieu de la rivière, c’est là où l’on avait le plus de chance de passer sans trop frotter le sable du lit. Je m’y attlèle. Je remonte un concurrent, mais le niveau d’eau est si bas qu’il faut pagayer très plat avec la pagaie pratiquement horizontale… Tiens, un défaut qui devient un avantage… Pas mal…. Quelques surprises se font sentir quand la pale plonge dans le sable ou quand le bateau se retrouve à freiner brusquement sur un banc de sable. Décidément Kasterlee ne fait jamais deux fois le même effet !!! Les cinq kilomètres sont avalés en pulsant les dernières forces. Une jeune fille devant donne tout ce qu’elle peut, je tente de la rejoindre. Au loin, sous un pont, un drapeau bleu et deux personnes du KKK qui encode les résultats des arrivées. Je tente un sprint, il reste un tout petit peu de jus dans les bras et les jambes, je pousse et tire pour rattraper la jeune devant moi. Et la pointe avant de mon bateau arrive juste à son hiloire quand le coup de gong final retentit pour elle et une fraction de seconde après, pour moi…
Il ne reste plus qu’à remonter au club house, en partie à pied, en partie en navigant doucement pour récupérer, dans un cooling down forcé. En passant sous la Geelsebaan, je suis ravi de la décision de l’organisateur. Les pierres dépassent de 10 centimètres. A pied, c’est déjà n carnage. Maintenir ce tronçon en course aurait vraiment été dangereux, pour les sportifs, comme pour les bateaux ! Bravo pour cette décision, pas simple à prendre mais courageuse et pleinement justifiée. J’ai le temps de prendre l’appareil photo et de voir l’arrivée de Hilde et Paul sur leur K2. Quelle équipe ! Lulu est arrivé entre temps. On discute avec Jan Laenen. De toute son existence, il n’avait jamais vu la Kleine Nete aussi basse. La remise des prix aura sa surprise, Lulu et moi-même empochons la médaille de bronze et d’argent en Vété 2. Deux médailles pour le SKC, pas mal, non ? De quoi motiver notre démarche à poursuivre en K, que ce soit pour la rando ou pour les marathons. Même si l’âge n’est pas un atout, il y a toujours moyen de progresser et d’apprendre… Nous commençons à récolter les fruits de notre passion. Alors, tentez de faire la même démarche ? A bientôt sur l’eau et sans aucun doute à l’année prochaine à Kasterlee !!! Merci à toute l’équipe du KKK pour l’accueil, la gentillesse et la splendide organisation mise en place.
Quelques photos sur
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