Une nouvelle tartine? Of course! Bonne lecture.
Samedi 23 juillet, un beau week-end est annoncé par l’IRM. Les juilletistes sont déjà loin, ou proche, mais, en tout cas, ils ont la tête ailleurs. C’est à l’invitation du club d’aviron les ‘3Y’, que nous avons répondu pour participer à la rando de ce club installé à Seneffe. Mais pourquoi ‘3Y’. Pour certains d’entre vous, c’est une évidence. Pour les autres voici un bref explicatif. Sur un canal, un ‘y’ est un lieu d’embranchement entre un canal principal et un autre secondaire qui démarre ou termine à ce nœud fluvial composé de trois bras, soit…un Y ! Et ‘3Y’ car à Seneffe, il y a ‘Y1’où ses situe le centre La Marlette, ‘Y2’ où se situe le départ de l’ancien canal, et ‘Y3’, avec la branche qui part vers Strépy, que nous avons emprunté il y a un mois à peine grâce à la rando du club de Thieu.
Revenons donc au club d’aviron des 3Y. L’idée pour le club est de ramer jusqu’au plan incliné de Ronquières, descendre avec le bac, ramer jusqu’au port de Ittre (et oui Ittre n’est pas qu’une prison !!!) pic-nic et puis retour pour remonter avec le bac et rentrer à la Marlette. Juillet n’est sans doute pas un mois facile pour organiser une rando. Et pourtant, le club d’aviron alignera 6 bateaux composés de double, de quatre et d’un 8, alors que le ‘Royal’ club bruxellois, partenaire organisateur dans la traversée de Bruxelles du premier mai est représenté par une belle triplette. Pour les kayakistes, la surprise est agréable. Si au départ nous n’étions 5 avec Yaldah, Estelle, Dom, Lulu et moi, notre Serge national nous rejoint, suivi par notre J-P accompagné de Denis, ‘Mavaïste’ depuis un an et dernière surprise : Michel qui pensait s’entrainer à marquer quelques paniers en polo-kayak, change son entrainement et décide de faire la balade à nos côtés. 9 kayakistes donc ! Un chouette petit groupe donc, qui permet de mêler les deux disciplines.
Il est un peu plus de 09h30, les kayakistes se lancent. A priori nous devrions être rattrapé par les rameurs, assez rapidement. Nous progressons gentiment. Yaldah et Lulu sont téméraires et font la rando en K2. Estelle fait de sacrés progrès en K1, mais la perspective de passer plusieurs heures en instabilité est trop rude. Elle ne démérite pas sur son R1 Prijon et commence à tenir la vague de J-P, nos y reviendrons. Serge a pris son joli Kmer. Michel est sur un R1 Double Dutch, Denis sur un bel Epic et notre J-P s’est aligné sur son Millenium. Dom et moi continuons à nous familiariser avec le Biwok, lourd mais confortable et permettant d’emporter pas mal de matériel. Nous passons très vite de ‘Y1’ à ‘Y2’, puisque ces notions n’ont plus de secrets pour vous. Quelques anciens bateaux de plaisance sont amarrés. Le charme du lieu est vraiment étonnant. Cet ‘Y2’ où l’ancien canal démarre nous titille. Peut-on envisager la descente complète en K ? Le K facilite les portages nombreux (ici il doit rester une quinzaine d’écluses inutilisées voire bétonnées). Michel nous apprend que ce n’est sans doute plus aurotisé à la navigation mais réservé à la pêche. Il faudra se renseigner. Ensuite, une reco à vélo est nécessaire pour repérer les portages et les endroits pour embarquer. A faire à vélo, pour sûr ! Il y a temps de choses à découvrir tout prêt de chez nous.
Y3 est déjà là. Nous continuons. Une longue ligne droite nous permet d’aller glisser sous la E19, avant d’atteindre une porte de sécurité qui doit se fermer en cas de souci au plan incliné afin de ne pas noyer la vallée. Juste après la darse, nous passons sous la pont à haubans qui permet de rejoindre le centre de recherche de Total, oui, l’ancien centre PetroFina. Le site abrite deux centres importants pour le groupe pétrolier. D’abord, il y a une usine de production de polymères. Important pour nos petits kayaks, puisque certains de ces polymères permettent la production de polyéthylène que les amateurs de rivière et de mer connaissent bien. Outre cette usine, Total Feluy héberge un centre de recherche et de technologie. On ne rentrera pas dans le détail de la catalyse, spécialité du lieu (un scientifique dans la salle pour nous expliquer cela simplement ?) mais sachez que Total Feluy, c’est 450 emplois. Revenons à notre rando qui retrouve des couleurs… Enfin des couleurs imaginées par nous tous. Depuis le matin nous sommes dans un brouillard qui ne se lèvent pas. On voit à 100 – 150 mètres tout au plus. Et quand le brouillard dégage légèrement, c’est le canal qui émet de la brume. Nous sommes gâtés ! Mais cela donne un côté mystérieux à l’endroit, presque romantique. Deux lignes droites et nous sommes à l’entrée du pont canal.
Nous faisons la pause. Pasacal Degée du club les ‘3Y’ explique que le bac vient de descendre et qu’il nous faudra patienter pour passer. Nous avons largement le temps de sortir à l’escalier. Le K2 et ses grandes hiloires facilitent la tâche à Yaldah et Lulu. Pour Dom et moi, le Biwok permet d’embarquer et débarquer n’importe où. J-P, Denis, Michel et Estelle sortent à leurs tours. On se change, on boit un coup, on papote, malgré le brouillard, on ne voit ni la tour, ni les portes, l’ambiance est au beau fixe. Entretemps les rameurs nous ont rejoint, il reste sur l’eau du pont-canal. Cet ouvrage d’art est une sorte d’aqueduc de 290 mètres de long pour 60 de larges. Il est posé sur 70 colonnes de bétons hautes de 25 mètres chacune. Contenant +/- 100.000 tonnes d’eau, il sert surtout de port d’attente avant d’embarquer dans les bacs. Pour nous aussi ce sera l’attente. Dans la partie qui précède le pont canal, et qui prend le nom de ‘haut-remblais’, il a fallu un solide travail des bulldozers pour terrasser les lieux. Certains buldozers et autres tractopelles se sont irrémédiablement embourbés. Sans engins de levage aussi performant qu’à l’heure actuelle (nous sommes entre 1961 et 1968), certains bulldozers embourbés ont été recouvert de terre et font désormais partie ‘intégrante’ de ces ‘hauts remblais’.
Nous remontons un peu trop tôt dans les kayaks et allons rejoindre les rameurs dans le port d’attente. Les rameurs n’ont pas l’occasion de sortir de leurs esquifs. La souplesse du kayak est un bel avantage. De temps à autres on aperçoit le haut de la tour. Construite en 1961, elle détient un record de vitesse de construction : il n’a fallu que 34 jours pour la terminer. Certains y voient , une épée, un phare, ou un symbole sexuel, à chacun son imagination car de toute façon, elle ne sert à rien. Tous les éléments de contrôle et de fonctionnements se trouvent dans la butée amont au pied de la tour qui offre un panorama splendide, et par ciel dégagé d’apercevoir Bruxelles ou Nivelles.
Le feu passe au vert et nous entrons doucement dans le bac de droite. Chacun de ces bacs est indépendant. Chaque bac est relié à un contrepoids, via un canestan, qui passe dans les longues trémies. 8 câbles relient le bac à son contrepoids. La porte se ferme derrière nous et la descente s’entame lentement. A peine quelques vibrations, quelques bruits métalliques et quelques ‘clongs’ de roulements se font entendre. Cette énorme piscine ambulante est vraiment étonnante. Cette descente fait 1.432 mètres, les bacs mettent 22 minutes pour rejoindre l’autre porte. Le temps passe vite sur la descente. On est d’abord au dessus des arbres. Puis on a l’impression d’être dans la canopée et puis de rejoindre lentement mais surement la terre ferme. Enfin l’eau de canal…ferme ! Le temps de mettre le niveau d’eau du bac à même hauteur que le bief aval, et la porte s’ouvre rapidement. Un constat inquiétant tout de même, les nombreuses structures métalliques laissent aparaitre de fortes traces de rouilles. Il serait que le SPW investissent quelques euros dans de la peinture de qualité avant des dégats trop important ne viennent perturber le fonctionnement de l’ouvrage. Inauguré en 1968, il a couté 5 milliards de francs belges de l’époque. Aujourd’hui cela ferait un budget entre 7 et 10 milliards…d’euros. Quel gouvernement oserait faire encore un tel investissement aujourd’hui ?
Le feu passe au vert et les rameurs partent en rythme. Les kayakistes suivent. Le bief vers Ittre est vraiment joli. Le brouillard se lève doucement. De grandes courbes jalonnent les 5 kilomètres vers le port de Ittre. On passe sous le pont de Fauquez ; Un peu plus haut sur la gauche, la célèbre Chapelle de Verre. Autre endroit à découvrir (sur
www.chapelledeverre.be). Un dernier pont, un dernier virage et le port de Ittre apparait. Avec Serge, Dom et moi fermons la marche. Le temps de débarquer et c’est l’heure du casse-croute à la cafeteria du club de voile. Les rameurs reprendront l’eau pour un retour sur l’eau. Les kayakistes terminent la balade avec ce parcours aller. Le temps de faire la navette en voiture et de revenir chercher les kayaks et la journée se termine sous un petit soleil discret… Merci aux ‘3Y’, à tous les encadrants et particulièrement à Pascal Degée pour son ouverture vers le kayak. Les deux disciplines sont parfaitement complémentaires… A retenir pour d’autres aventures communes. Merci à tous les kayakistes présents. Pour les photos c’est ici :
https://www.flickr.com/photos/132078890@N02/albums/72157671548689085Pascal Degée a eu la gentillesse de nous envoyer quelques précisions pour les rameurs présents:
"Pour l'info exact, il y avait un 8 barré, 3 yolettes de 4 + barreurs, 2 de 4 non barré, 2 triplette, un double barré et un double non barré.
Les participants venaient de Caudebec (Normandie), Givet, Namur, Liège et de 3 clubs de Bruxelles et les 3Y de Seneffe.
Merci pour votre participation, on fera encore mieux la prochaine sortie. Le tout est d'avoir les autorisations suffisamment à temps pour prévenir les clubs.
A bientôt,
Pascal"