Une belle épreuve en ce 21 mai. Les 4 heures d’Engreux ont la bonne idée de pouvoir se faire en relais. Dans ce sport ultra-perso qu’est le kayak, une course en relais génère un esprit d’équipe, une solidarité bien nécessaire dans notre tout petit milieu. Et quand se rajoute le plaisir de faire cela en K2, l’effet est doublé. Sur le lac artificiel au-dessus du barrage de Nisramont, un parcours de près de 2,4 kilomètres est délimité par une série de bouées.
Le lac est entourée de versants pentus garnis de milliers d’arbre. Un bonheur pour les yeux, pour les poumons et pour le moral. Nous sommes accueillis par le club H2O dans les installations du centre Adeps des deux Outes, avec une impression de bout de bout du monde. Même le tout petit village d’Engreux, et la civilisation qu’il représente semble loin de tout. Peu d’endroits en Belgique permettent encore d’avoir cette sensation. Après les formalités d’inscriptions et de dossards, il ne reste plus qu’à se préparer pour le départ. 11h02, l’épreuve est lancée par Didier Thiebaut. Les participants s’élancent comme des furieux (pas tous.. .pas moi). Il y a 26 équipages d’inscrit et 6 kayakistes qui font l’épreuve en solo, soit une soixantaine de participants. Parmi ceux-ci on dénombre une seule équipe en K2. Yvette et Estelle prennent le relais de Lulu et Philippe, qui ont pris un joli départ. La régularité est là.
Le témoin de relais est un joli collier de fleurs artificiels. Pour nos K2, il y a donc deux témoins à passer. Le passage du relais se fait dans une zone dédiée, comme les ‘stands’ en Formule 1. J’ai la chance de participer avec Jean-Pierre. Après un départ agité et bien humide (un bain après 500 mètres de course et la joie de me retrouver bon dernier), je trouve mon rythme. Je remonte tout doucement certains concurrents . Après le premier tour je rattrape Lucien et Philippe qui progresse vaillamment. Le temps de crier un joyeux « Allez Seneffe » et Philippe en retour lâche ce bon mot : « Tiens, il n’est pas entrain de nager celui-là ». Comment ne pas éclater de rire, malgré l’effort. Après trois tours et demi, je rentre dans la zone de relaiss. Jean-Pierre m’attend. Nos kayaks se frôlent, je lui passe le collier autour du cou. Et il fonce. Le temps de croquer une pomme et de boire beaucoup (de l’eau, je vous assure !!!) et je profite pour contempler les différents participants.
Alain et Quentin se relaient régulièrement. Puissance, technique mènent à des performances qui font rêver. Un jour peut-être… En attendant, ils termineront à la 3ème place. Chapeau à eux. Dans un autre style, on prend plaisir à regarder Luca et Marine de Thieu, ainsi que notre Kveen accompagné d’Adrien. Leurs bateaux ‘rivière’ semblent être autant de petits bouchons qui se jouent du lac et des vagues créées par les ‘furieux’. Je reprends le relais de notre J-P. Il arrive tout en douceur pour ne pas me déstabiliser, moi qui suis toujours en équilibre instable. Il me passe le collier et je repars. Wouaw le corps est bien refroidi, il faut quelques centaines de mètres pour remettre la machine en route. Ah les vieux diesel… (qui a dit « une vieille loco à vapeur ? », non mais !!!!). Les tours s’égrènent. Chaque virage est une difficulté. Comment garder son élan en virant au plus près des bouées ? On se fixe l’un ou l’autre objectif. Essayer de rattraper un concurrent devant, ou du moins ne pas le perdre de vue. La fatigue se fait sentir. Le ‘camel bag’ fait des merveilles. Le soleil est de la partie. Alain et Quentin virevoltent. Chacun de leur relais est un nouveau sprint. Estelle et Yvette sur leur K2 semblent imperturbables. La cadence et la coordination sont au rendez-vous. Que c’est plaisant à regarder un beau geste.
Loin devant nous en tête de course, on admire Eric Verduyckt et Jan Laenen. Quel style, quelle élégance ! La pagaie est un prolongement naturel de leurs bras. Le K1 fait partie de leur corps, ou est-ce l'inverse, leur corps appartient-il au K1. Une leçon pour nous. Je prends le dernier relais de Jean-Pierre, Il est +/- 14h35. Avec un peu de chance, je peux couvrir deux tours complets avant le coup de gong final et ainsi pouvoir enquiller un troisième tour. Je tente d'accélérer sur le premier relais. Pas simple, le corps accuse le coup. La tête prend le dessus sur le physique usé. On pense aux conseils d'Yvette et de Dominique Dupas. Technique la plus propre possible malgré la fatigue. Concentration sur l'expiration (merci à Domi, cela fonctionne les exercices de respiration !!!).
Sur cette épreuve, chaque tour entamé avant le gong final est comptabilisé s’il est terminé. Pour J-P et moi, sur cette fin de course, le second tour sera crucial. Il faut absolument accélérer. Je vise une jeune en K1 devant moi. Rien de brillant à tenter de la dépasser (et à le faire), mais elle sert de point de repère. Au milieu de ce second tour, je la dépasse, en l’encourageant dans ses efforts. Je me concentre sur la trotteuse de la montre. Allez, pousse. Et je passe la ligne d'arrivée dans les temps. Je repars pour un troisième tour. 22 secondes plus tard, le signal de fin retenti, chacun termine le tour entamé. Ouf.. Tout juste. Je relâche la cadence, bien incapable de poursuivre à un rythme effréné, pour finir l'épreuve heureux de profiter de la nature environnante. Les collines environnantes auront raisonné du bruit régulier des pagaies et des quelques, « Allez Seneffe », « Allez Thieu », « Allez J-P » etc hurlé à travers bois. Le calme revient très vite sur ce lieu.
En rentrant 'aux stands', Dominique Dupas nous fait l'honneur de pouvoir essayer le tout nouveau 'Easy Master'. la dernière création de Zastera. Un bateau rapide ET stable. Un engin idéal pour se lancer dans le K1. Facile, accessible, tendu pour aller vite, tolérant pour les erreurs du kayakiste, et qui vire super court. Impressionnant. Et dire que ce bateau sort tout juste de son moule. C'était le tout premier de cette nouvelle production. Sympa.
Il ne reste qu'à ranger le matériel, à se doucher dans les superbes installations de l'Adeps et à profiter de la buvette lors de la remise des prix. Les 4 heures d'Engreux ? Un truc à faire et à refaire. Merci aux organisateurs et aux bénévoles sur place. (pour info, je n'étais pas dans l'eau de 30 secondes, que le bateau de la sécu était chez moi pour voir si tout était OK ou si je voulais un coup de main. Top). Et un merci tout particulier au photographe de l'organisation. Vous trouverez ses photos ici. Un super boulot!
https://photos.google.com/share/AF1QipOz32xfKi879Yw5i0MDLYw8YOPDHU50Kx_c5fSDXv1_CSZJ3wZ8Pw2CTHlNVJWd_Q?key=TGgtSkQzdkduRmY2WWtLdEhjWDM1QktvOHhtUDZBPour d’autres photos, c’est ici.
https://flic.kr/s/aHskx4gSLF