Il y avait longtemps que cette rubrique était au ralenti, voici de quoi relancer les réflexions.
L’autre monde
Les a-priori, les idées reçues doivent être combattues avec la plus grande des énergies. Je viens d’en vivre un nouvel exemple. Dans le petit milieu du kayak, s’il y a bien un « monde » qui nous semble totalement éloigné, c’est celui des pêcheurs. Au mieux, on passe en kayak en les regardant à peine, au pire, on se prend le bateau et/ou la pagaie dans leurs lignes. Pour les pêcheurs, je suis sûre que nous représentons des trublions qui dérangent et effraient les poissons.
Hors depuis plusieurs mois, voire plus d’un an, je croise quasiment tous les midis, le même pêcheur installé en bord de canal à Anderlecht à hauteur des deux péniches habitables ou sur Drogenbos en dessous de la centrale électrique. Et le bonhomme, à force de me voir à commencer par saluer de la tête à mon passage. « Jeune »homme de bonne famille (et de mauvaise éducation, je sais), je répondais par un signe de tête ou de la pagaie. Au fur et à mesure, nous nous sommes dit bonjour, en plaisantant sur la météo, sur le poisson qui ne mord pas ou sur mes difficultés d’équilibre en K. Il y a quelques semaines, les hasards de mes retours du boulot à vélo m’ont fait passer à proximité du « pêcheur du midi ». Je freine, je descends de bicyclette et je vais me présenter au bonhomme. Son regard était plongé dans une contemplation quasi méditative de l’eau et du flotteur au bout de sa ligne. « Bonjour M’sieur, je m’appelle Jacques et je suis le kayakiste que vous voyez tous les midis. » lançai-je. Joseph, me reconnait : « ah mais oui, c’est sympa. Moi c’est Joseph, enchanté. Il est chouette ton vélo » rit-il en désignant mon pliable. Et l’on s’est mis à bavarder…
Joseph donc, 78 ans, veuf depuis trois ans, vient pêcher tous les jours par passion et envie. «C’est mieux que de rester coller au bistrot toute la journée, non ? » Je ne peux qu’approuver. Je lui demande ce qu’il pêche et ce qu’il fait de ses poissons : « il y a vraiment beaucoup de poissons dans le canal : je prends souvent des carpes parfois du brochet, des tanches ou des perches et plus rarement du sandre. En général je rejette tout ce que je prends sauf quand j’arrive à choper un sandre, là je le mange. C’est un délice, la chaire est fine et pleine de goûts, c’est meilleur que le cabillaud. » m’explique-t’il avec l’eau à la bouche.
Comme je n’y connais pratiquement rien poisson de nos régions voici ce que nous dit wikipédia :
La tanche d’abord : « La tanche a une forme allongée et sa peau, recouverte d'un épais mucus, est de couleur verte, vert sombre à jaune doré. Elle peut mesurer jusqu'à 70 cm pour un poids maximal publié de 7,5 kg. On la trouve dans les eaux calmes aux fonds vaseux et à la végétation dense, des cours d'eau larges et lents, dans les bras morts, dans les lacs et les étangs aux endroits peu profonds ou dans les cours d'eau sans courant.Son aire de répartition concerne toute l’Europe.
Le sandre : ce carnassier vit en eaux douces et s’adapte aux eaux saumâtres. Le nom vient de l'allemand Zahn, qui signifie dent, en référence à ses deux paires de canines proéminentes. Ses traits particuliers sont une tête assez fine et longue, gueule bien fendue, avec les deux paires de canines très développées sur les mâchoires ; un corps allongé, cylindrique et fusiforme. L'œil, particulier à ce genre, est globuleux et vitreux. Tiens cela me rappelle certains kayakistes ça, pas vous ? Je suis sûre que vous en connaissez ! Les adultes mangent surtout d'autres poissons, mais contrairement au brochet ils doivent se limiter à ceux de petite taille : leur gueule est large, mais leur gosier étroit (là aussi on dirait certains kayakistes !!!)
Avec la météo qui se dégrade doucement ces derniers jours, Joseph préfère sans doute ne pas s’exposer aux vents forts qui balaient les berges du canal…
Vivement que cela se calme pour que l’on ait à nouveau le plaisir de croiser nos deux mondes…